Le Pérou légendaire

Cuzco ! De quelle autre ville aurions-nous pu rêver pour fêter nos 1 an de voyage ? Après la mémorable traversée de la Cordillère Blanche à vélo une semaine auparavant, nous avons continué sur notre lancée et enchaîné les endroits mythiques. Rajoutez à cela une bonne pause dans "l'agenda vélo", une grosse louche d'amis, une pincée de ville mythique, une cuillère de beau temps et un soupçon de tarte au citron : vous avez là tous les ingrédients réunis pour deux semaines incroyables !

Il y avait bien longtemps, après cette fantastique traversée au Nord du Pérou, partie oubliée du pays s'il en faut, que nous n'avions pas fréquenté d'endroits touristiques. Non pas que nous aimions particulièrement nous fondre dans la foule canalisée des touristes du monde entier... mais il faut bien avouer que parfois les grandes villes ont du bon ! Et c'est spécialement le cas de Cuzco, ville magnifique qui mérite largement sa réputation. Après un interminable trajet depuis Lima, nous avons été chaleureusement accueilli par Willy, qui nous a permis d'économiser de coûteuses nuits d'hôtels en nous hébergeant gratuitement chez lui. Merci ! Nous avons eu le plaisir de retrouver Fred, Sandra, Thaïs, Nino et Louca (famille Charles), que nous n'avions pas revu depuis le Costa Rica !

Les premiers jours ont été placés sous le signe de la glandouille... Visite de la ville bien sûr. Cuzco est vraiment une très belle et agréable ville. Édifiée par les Incas tout d'abord, elle a été au centre de leur immense empire. Après l'arrivée des Espagnols, les conquérants ont tout d'abord tenté de réduire à néant les constructions en place. La technique des Incas, très connue, utilisait des blocs de pierre de tailles considérables parfaitement ajustés entre eux, et rendit donc le travail de démolition des conquistadors très difficile. Dans la vieille ville, la plupart des édifices ont donc une base inca en grosses pierres et le reste en mode espagnol : original ! Nous avons d'ailleurs profité d'une de ces journées pour aller voir les Charles sur leur lieu de camping, et partager un bon repas avec d'autres voyageurs motorisés. Bon petit vin, apéro, repas qui s'étend à tout l'après-midi... et même une tarte au citron offerte par Fred et Sandra pour fêter nos 1 an !! Trop sympa ! Vive la culture culinaire française !!

Les jours suivant, grosse étape dans le voyage : la visite du Machu Picchu ! Pour ne rien vous cacher, nous sommes longtemps restés indécis sur le choix de voir ou non ces fabuleuses ruines dont la renommée a largement dépassée les frontières de l'Amérique du Sud. Une surexploitation du site, des tarifs prohibitifs, un accès finalement pas vraiment facilité... Nous avions un peu l'impression de nous diriger tête baissée dans un piège à touristes. Pour ceux qui ne veulent pas marcher, il faut savoir que l'accès au site, impossible par la route, est totalement contrôlé par Perurail qui fixe des tarifs complètement fous. Pour une heure et demi de trajet en train, nous avons du débourser la modique somme de 50 dollars par personne ! Il existait une autre solution : prendre de nombreux petits bus, puis marcher deux heures sous la pluie. Nous avons fait les flemmards, oui !

Nous sommes donc arrivés le samedi 15 septembre par le train à Aguas Calientes, ville "camp de base" pour le Machu Picchu, et accessoirement temple du tourisme. Là-bas, il faut tout négocier très sec pour ne pas se faire rouler dans la farine. Simple exemple (entre mille) : lorsque nous sommes arrivés dans l'hôtel où nous avons dormi, la tenancière nous demandait 30 soles par personne. Une petite moue de la part de Marie, et hop ! -50% moins cher ! Magique ! Autant vous dire que les gens qui débarquent tout juste d'Europe et ne connaissent bien sûr pas suffisamment les prix se font gentiment pigeonner...

Le lendemain, lever 4h15, départ pour la montée à pied au Machu Picchu à 5h00. Il vaut mieux être matinal pour profiter des premiers rayons du soleil sur le site. 400 mètres de dénivelé plus haut, nous étions devant les portes d'un des sites incas les plus connus, déjà envahies par une horde de touristes. Heureusement, le site ne peut accueillir "que" 2500 personnes par jour, ce qui limite l'effet DisneyLand. Mais alors, une fois entré, on a beau ne pas aimer les endroits touristiques, on a beau sentir que l'on se fait pigeonner, on a beau avoir payé une petite fortune pour être là-bas... quand on y est, on oublie tout ça, et on admire ! Parce que finalement voir un lever de soleil dans le ciel azur du Pérou, voir descendre les premiers rayons du jour jusqu'à aller lécher les pierres du Machu Picchu, eh bien oui ! Ça n'a pas de prix. L'endroit dégage, c'est vrai, quelque chose de particulier, posé là entre nuages et forêt tropicale, sur cette crête mille fois vue en photo. C'est bête mais on est content d'y être, comme quelque chose que l'on connaît déjà et qui, enfin, se révèle dans toute sa beauté. C'est magique !

Nous avons passé la majeure partie de la journée à observer les ruines depuis les hauteurs, et après le déjeuner seulement, nous sommes descendus dans les ruines. N'ayant pas de guide, nous n'en savons pas vraiment plus sur l'histoire du site. Mais voici toujours quelques photos qui donnent un aperçu de l'immensité des lieux. La journée s'est terminée comme elle avait commencé, par une bonne marche pour rejoindre Aguas Calientes, mais sous une bonne pluie tropicale qui nous a trempé jusqu'aux os

Bref, le Machu Picchu, c'est d'abord un gros trou dans le mini-budget de voyageurs comme nous, mais c'est quand même une visite à ne pas rater, c'est mythique et maintenant on comprend pourquoi !

À notre retour à Cuzco, nous avons préparé la suite du voyage. Nous attendions désespérément notre nouveau filtre à eau, l'ancien ayant lâché, nous nous en sommes fait envoyer un neuf plus costaud. La livraison de colis étant disons... plutôt aléatoire en Amérique du Sud, nous avions peur de ne jamais le recevoir, surtout vue l'incompétence des services d'UPS. Mais si ! Voila qui est fait ! Nous avons pu profiter du marché, et des petit-déjeuners que nous adorons y prendre. Et puis flâner encore un peu dans la ville. Jennifer et Rémi ont repris plus tôt la route, nous avions besoin de vacances... Bon d'accord, d'une "pause" (j'entends déjà d'ici les cris d'indignation au mot "vacances"). Une fois n'est pas coutume, nous avons fait du camping-car stop avec les Charles pour nous diriger ensemble vers le légendaire lac Titicac !

Ça nous fait toujours bizarre de faire la route en moyen motorisé, la route y perd toute sa valeur, seule la destination revêt de l'importance. Mais c'est tout de même agréable de se déplacer sans effort. Nous avons choisi de passer notre séjour au bord du lac en compagnie des Charles, et c'était très bien ainsi. D'abord, parce que nous avons passé un excellent moment avec des amis. Et puis parce qu'ils nous ont emmené dans un endroit que nous n'aurions pas trouvé seul : nous avons atterri sur la presqu'île de Llachon, loin de la route et des circuits touristiques ordinaires. Llachon est un petit village de pêcheurs, loin de la grande et touristique Puño. Sa caractéristique est d'accueillir des touristes en groupes organisés : ils arrivent dans l'après-midi et chacun est réparti dans une "famille d'accueil" pour la nuit. Pour en avoir parlé avec une habitante, c'est pour eux "une bénédiction du ciel". Cela leur permet de vivre avec un peu plus de revenus, et la plupart tirent une certaine fierté à ce que des étrangers s'intéressent à leur mode de vie. Nous nous sommes donc posés devant leur petit port, et avons pu discuter avec ces gens vraiment accueillants de leur façon de vivre et de leur culture, qu'ils protègent et tentent de transmettre avec passion à leurs enfants.

Par le biais d'un de ces pêcheurs, nous avons pu aller visiter l'île Uros Titino, une de ces fameuses îles flottantes en roseaux si connues. En face de Puño, de nombreuses îles de ce type sont placées, mais nous étions un peu dubitatifs quant à leur visite car ce ne sont malheureusement que des "îles à touristes", dont les "habitants" vivent en fait sur la terre ferme et n'arrivent sur les îles qu'avec les bateaux charriant les visiteurs. Mais ce pêcheur nous a emmené sur une autre toute petite île, bien plus isolée. C'était pour nous la meilleure façon de connaître ce type d'habitat, encore une visite magique !! Cette toute petite communauté de six familles vit sur cette île. Pourtant, les conditions de vie sont rudes : 1h de bateau pour aller à l'école, isolement, froid, achat sur le principe du troc... Ils affiche clairement leur volonté de développer le tourisme, mais d'une façon bien plus sympa. Ici, pas besoin de débourser des sous à chaque pas, le "président de l'île" présente leur façon de vivre, les objets typiques de leur vie de tous les jours, la technique de construction de leurs îles... Tout ça dans une ambiance très cordiale. En échange, ils vendent leur artisanat qu'ils fabriquent en direct. Nous avions un peu peur d'un effet zoo mais c'était en fait un véritable échange. Bref, un vrai moment de bonheur, nous avons tout simplement eu l'impression de faire une sacrée rencontre avec des gens éduqués, fiers de leurs cultures et fiers de la partager !

Autant vous dire que le séjour au Pérou s'est fini tout en beauté. Ce pays nous a épaté. Il est extrême, et donc très exigeant quand il s'agit d'y voyager longtemps et un peu loin des circuits touristiques classiques. Nous savons que nous avons une chance incroyable de pouvoir justement prendre ce temps nécessaire pour vraiment s'imprégner d'un pays. Le Nord du Pérou a été un des plus beaux endroits que nous ayons traversé à vélo. C'était très difficile mais inoubliable ! Les péruviens sont à l'image de leur pays : extrêmes ! On les déteste, on les adore, tout ça à a fois. Ils sont bruyants, accueillants, parfois sales, curieux, gentils, surprenants. Nous avons adoré visiter les grandes sites de Cuzco, le Machu Picchu, le lac Titicaca, ce sont des endroits légendaires qui méritent le détour !

Nous voilà partis du Pérou. Nous sommes passés en Bolivie le 25 septembre, et avons retrouvé Rémi et Jennifer peu après la frontière. Nous reprenons la route ensemble, c'est vraiment trop bien de rouler avec des amis ! Un temps sûrement un peu plus long que d'habitude s'écoulera entre cet article et le prochain car nous nous attaquons maintenant à un gros morceau : la traversée de la Bolivie avec le Salar de Uyuni puis le Sud-Lipez, à vélo évidemment. Du désert, du désert, et encore du désert, du froid, et du sable... Mais ça va être sublime !! On a déjà hâte de vous raconter tout ça ! La suite au prochain épisode...

En direct de La Paz, Bolivie. À vous les studios !

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