Le baptême du froid

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Bonjour à tous !

Nous vous avions laissé à Puquio, nous avons bien avancé depuis. Nous nous sommes un peu plus enfoncé au cœur du Pérou et de notre aventure, avec son lot d’inattendu, de paysages incroyables, de petites galères et surtout de rencontres !

Notre pause à Puquio nous a permis de nous reposer un peu après ce début sur les chapeaux de roues, et a surtout permis au système digestif d’Olivier de se remettre d’aplomb. Nous nous sommes donc préparés pour une traversée de quelques jours à travers une région peu peuplée mais surtout en haute altitude. Le petit hostal dans lequel nous étions était tellement tranquille avec sa petite cour intérieure, nous nous sommes bien reposés et en avons profité pour commencer l’école avec Alicia et Sofia (les cours de Nahuel n’étaient disponibles qu’à partir du 1ᵉʳ septembre). L’ambiance de Puquio nous a bien plu : c’est une ville de taille modeste, mais surtout absolument pas touristique. Nous y avons seulement croisé un autre couple de gringos comme nous, pas plus. Nous avons déambulé dans ses rues, sans autre objectif que le plaisir de se laisser surprendre par tel bâtiment ou telle petite échoppe, pris le temps de s’attarder sur la place centrale pour y observer les gens…

Autant notre premier voyage nous avait laissé un goût de trop peu (c’est le moins qu’on puisse dire) en ce qui concerne la cuisine péruvienne, autant cette fois-ci on en prend plein les papilles gustatives ! A Puquio, nous avons mangé les grands classiques de la nourriture quotidienne (caldito de pollo, lomo saltado, etc.) mais nous avons aussi goûté le ponche de mani, boisson chaude à base de cacahuètes, eau, graines de sésame, sucre, cannelle, clous de girofle, servi avec un gros beignet au fromage. Mangé vers 17h, quand le crépuscule pointe le bout de son nez et que la température commence à baisser, ça passe tout seul. Autant vous dire que les enfants étaient ravis !

Après avoir passé suffisamment de temps (trois jours) dans notre petit cocon, nous nous décidons à partir. Nous refaisons le plein de nourriture, prévoyons de l’eau à nouveau en quantité, et le vendredi 29 août, nous quittons Puquio pour remonter à nouveau en altitude (sachant que nous étions déjà à 3000 m à Puquio !). Nous savons que nous allons encore manger du dénivelé puisque la route va nous mener à 4500 m d’altitude. Le premier jour, la montée est très agréable : de beaux lacets, une pente douce, le paysage est magnifique. Nous longeons de belles falaises, puis des parcelles agricoles en pente, des bosquets d’eucalyptus odorants, croisons de nombreuses vaches. Les chauffeurs des nombreux camions qui nous doublent sont toujours aussi gentils et les quelques personnes croisées sur la route sont très amicales et prennent le temps de papoter malgré leur journée consacrée au travail des champs et à l’entretien du système d’irrigation collectif. Nous notons les nombreux canaux entre les différentes parcelles, ça doit être un sacré boulot d’entretenir tout ça !

En début d’après-midi, nous arrivons en haut de la zone de montée en lacets pour arriver sur une zone de montée avec de plus grandes lignes droites. Nous avons déjà grimpé près de 700 m de dénivelé positif et parcouru 21 km. Il fait beau, le point de vue est magnifique et nous sommes au niveau d’un ancien poste de contrôle sanitaire des fruits et légumes, fermé, mais derrière lequel nous trouvons une sorte de petite pièce. Nous pouvons nous y faufiler avec nos affaires, parfait, nous n’aurons pas à monter la tente pour ce soir. C’est décidé, nous nous arrêtons pour aujourd’hui ! Le temps d’installer notre “campement”, et nous partons explorer les environs. La vue du promontoire tout proche est incroyable, nous passons du temps à l’admirer, Olivier en profite pour peindre avec Alicia, bref, nous prenons le temps de savourer le lieu.

A la nuit tombée, nous profitons du cours d’eau attenant pour filtrer un peu d’eau, les enfants lisent où s’inventent leurs histoires dans leur petite bulle. Le coucher de soleil enflamme le paysage. Un bon repas chaud à base de pâtes au « goût terre » (dixit les enfants, miam), brossage de dents et vers 20h tout le monde est au chaud dans son duvet car la température a bien baissé.

Le lendemain, nous continuons notre ascension, ça ne s’arrête pas ! Nous découpons le trajet en “petites” étapes car cela nous permet de nous acclimater le mieux possible à l’altitude. Ce jour-là, nous parcourons 21 kilomètres sans trop de difficultés. Mais attention, ce sont 21 km de montée pure : pas un poil de répit, pas de descente, ni même de plat. Nous avançons tels des escargots, lentement mais sûrement, avec une moyenne entre 4 et 5 km/h, et parfois des pointes à 7 km/h !! Le paysage est incroyable, tout en douceur et en courbes. La vue porte loin, nous sommes dans les grands espaces. Les enfants ne bronchent pas, et pourtant nous voyons bien au loin ce qui nous attend. Ils nous impressionnent vraiment. 700 m de dénivelé positif avalés, nous arrivons en début d’après-midi à 4250 m d’altitude. Tout le monde va bien, mais ça commence à tirer en termes de souffle. Le vent se lève dehors, nous déjeunons bien à l’abri dans le petit restaurant routier La Cabaña, tenue pas une femme seule. Pour le plus grand bonheur des enfants, nous en profitons pour passer quelques leçons ! Et puis quelques parties de Uno plus tard, nous nous installons finalement dans une petite bicoque que la propriétaire nous a proposé, nous y serons bien à l’abri du vent. Une fois les bouses de lama séchées balayées et un plancher de fortune installé, nous y sommes parfaitement bien !

Au matin, les flaques sont gelées, il a fait froid la nuit passée ! On engloutit le petit déjeuner et c’est reparti pour de la montée. Le moral des troupes est au top, il fait beau, le vent est dans le bon sens (pour une fois !), et une petite journée nous attend, toujours dans l’optique de faire attention aux effets de l’altitude. Nous nous émerveillons de toutes ces beautés qui nous entourent, minérales et végétales. Et au détour d’un virage, c’est cadeau : un couple de condors des Andes nous survole ! Nous apercevons aussi nos premières vigognes, elles étaient attendues par les enfants. En fin de matinée, l’objectif du jour apparaît comme un mirage après tant de dénivelé : la laguna Yauraviri, un immense lac posé sur un espace bien plus plat que ce que nous avons vu les jours précédents. C’est presque irréel toutes ces courbes très douces, cet horizon qui se dégage enfin, ce lac aux différentes nuances de bleu qui contraste avec les collines alentours. C’est beau ! Nous exultons d’avoir réussi à nous hisser jusqu’ici : 4400 m d’altitude, c’est haut !

Nous sommes le 31 août. Alors que leurs amis s’apprêtent à faire leur rentrée, les enfants mesurent la distance qui nous sépare de notre chez-nous. Alors, grâce au réseau wifi du petit resto posté face au lac, nous passons des coups de fil aux copains d’école. Incroyable cette facilité d’accès à internet, cela change tellement par rapport à ce que nous avions pu voir il y a 14 ans !

Le soir, encore une fois grâce à la gentillesse des locaux, nous dégottons une petite cabane mille étoiles avec vue sur le lac. Avec ses murs en adobe, son toit en tôle, et ses posters publicitaires pour une marque de ciment avec des femmes pas trop trop habillées et légèrement retouchées, elle ne paye pas de mine. Mais nous y serons abrités du froid de la nuit. Sa salle de bain, le lac, est élue plus belle salle de bain du monde par les enfants. Bon, on essaiera d’oublier que cette salle de bain est quand même très fraîche ! D’ailleurs, l’eau gèle littéralement au fond de la casserole pendant la vaisselle. Tant pis, on la finira demain avant de préparer le thé. La nuit est claire, et malgré la lune, le spectacle des étoiles est magnifique ! Au moment du coucher, Sofia se plaint de la tête. Elle doit être fatiguée… Un paracétamol et au lit, on verra bien demain !

Le quatrième jour de cette ascension depuis Puquio, nous sommes contents car enfin, enfin !, le dénivelé positif va se calmer. Nous allons atteindre notre point le plus haut, 4500 m, puis il y aura des montées et des descentes, mais plus de journées entières à ne faire que monter. Le paysage s’ouvre, nous évoluons sur de grands espaces très ouverts et assez plans. Nous sommes tous motivés pour continuer dans cet environnement exceptionnel. Sauf que. Sauf que Sofia se plaint de plus en plus de la tête, malgré le paracétamol, nous voyons bien que sa vaillance diminue… Jusqu’à ce qu’elle finisse par s’allonger sur le bord de la route, yeux clos, en nous disant que là, vraiment, elle n’a plus la force. Nous sommes à ce moment très isolés. Connaissant la cocotte, on se dit que ça pourrait être aussi bien un coup de bluff, mais nous ne sommes pas plus motivées que ça pour jouer avec la santé de notre fille, et puis elle n’a quand même pas l’air en grande forme. Le mal des montagnes est bien connu ici, il porte même un nom : soroche. On a beau essayer de le prévenir en ne montant pas trop rapidement et en buvant des infusions de feuille de coca, il peut frapper quand-même et avoir des conséquences néfastes sur la santé. Après un court moment de réflexion, on décide de couper court : tant pis, il faut redescendre rapidement en altitude.

Heureusement, nous sommes au Pérou. Il nous suffit de lever le pouce, et le quatrième camion à passer s’arrête pour nous sortir de cette petite galère. Darcy, son chauffeur nous aide à charger tout le matériel dans la benne vide, dans laquelle prenne place Olivier, Alicia et Nahuel, et c’est parti ! Bon, on était content de trouver rapidement une solution pour s’éviter des complications pour Sofia, mais que c’est dur de voir défiler ces paysages sublimes sans y pédaler, surtout après avoir tant monté pour y parvenir ! Pour le plus grand plaisir des enfants, nous traversons des plaines et des vallées peuplées de centaines d’alpagas et de lamas. Les quelques hameaux et villages que nous traversons nous impressionnent par leur isolement et la rudesse de la vie que cet environnement doit imposer à leurs habitants. Mais les paysages sont grandioses ! Dans la cabine, Marie et Sofia échangent tout le trajet avec Darcy. Alicia et Nahuel jubilent d’être au grand air, mais bien emmitouflés, dans la benne.

Après tant d’heures passées à monter à la force de nos mollets, nous ne nous voyions pas de nouveau faire la belle descente à suivre en camion, pas après les efforts des enfants et toute la volonté qu’ils ont eu. Darcy nous dépose donc à la sortie d’Izcahuaca, nous le remercions chaleureusement pour son aide et remontons tout le matériel sur les vélos. Et là, place au kif ! Au programme : environ 130 km de descente quasi ininterrompus pour les jours à venir. Et plus précisément, ça débute par 700 m de dénivelé sur de raides lacets. La vue est à incroyables, les freins chauffent, tout le monde est aux anges. Et Sofia reprend du poil de la bête.

La journée se termine après 30 km à se laisser glisser tranquillement au fond de gorges impressionnantes. Les températures ont nettement augmenté, la végétation est de nouveau plus exubérante, les petits villages sont moins austères, quel plaisir ! Nous terminons cette étape dans la ville de Chalhuanca, où nous nous posons pour une journée de repos bien méritée !

La suite au prochain épisode !


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